c’est bon, tu peux partir. quelques mots qui sonnent comme une claque sur le haut de la joue. te ramènes où tes pieds cessent de flotter. cendre qui se laisse crever sur le tablier. morceau de tissu humide que t’arraches et froisses en une boule bonne à balancer sur le comptoir. t’es arrivé les mains vides, l’cul en retard. alors aucune nécessité à passer par la porte avant. pousse de l’épaule la sortie arrière et déambule dans la ruelle comme un chien galeux. clope qui ne donne plus envie encore accrochée aux lèvres. t’es à moitié là, depuis son appel. pas qu’t’as été tellement présent mentalement depuis la moitié de ton existence. mais faut te ramener d’un claquement de doigt, sans chercher plus loin. colocs essaient et se ramassent : désolé j’pensais à quoi tu ressemblerais en centaure. kaiser-manque-de-sérieux cache kaillou-complètement-paumé. petite roche qu’on se remet à kicker hors du chemin. t’étais confortable dans sa poche de jeans. puis du jour au lendemain t’es de retour sur l'bitume froid. gueule contre terre. vomi plein l’chandail. c’est pas sa faute si misère revient de nouveau dans tes godasses. elle a juste été là, t’as sorti de ton propre crâne pour n’y mettre qu’elle. et parce que tu te retrouvais avec des questions aussi difficiles qu’un examen de mathématique, t’as décidé de te flinguer la cervelle de nouveau. un plus un faisait pas totalement deux. mais y’a du négatif qui s’est pointé comme une voiture qui ne s’arrête pas à la lumière rouge. t’es revenu gros zéro. et c’est pas de sa faute. coup d’oeil à l’écran fracturé pour capter l’heure. aucune notification bonne à s’y pencher. tu te rappelles que c’est l’exorciste aujourd’hui au drive-in. t’as peut-être pas quatre roues, mais t’as cette petite envie d’aller t’écraser sur le sol, admirer un classique sur un écran désaturé. te faire oublier cette nuit, que tu passeras à errer jusqu’à ce qu’une envie d’faire quelque chose de ta pâle peau te secoue. tu t’extirpes du transport public et marche le dernier mile vers l’emplacement où gronde déjà la trame sonore. entrée rapidement payée à l’employé complètement désabusé, direction amas d’herbe perdu où tu prends place. odeur du maïs soufflé et autres salines te donnent envie. mais tu fais qu’enfoncer la patte dans tes poches en quête d’une petite douceur pour l’âme. créera amertume commune sur la langue. alors qu’un joint s’enflamme à ta gueule et ramène les lueurs du film creuser les angles de ton visage. t’as jamais su si gigi aimait les films d’horreur. la savait juste starlette. la vie t’en voudrait, si t’étais pour la croiser dans l’coin. ah.